Discours de Jean-Luc Mélenchon le 5 juin 2016

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Retrouvez ci-dessous le discours de Jean-Luc Mélenchon à l’occasion du défilé de la France insoumise le 5 juin 2016 sur la place Stalingrad à Paris.

Quel bonheur ! (« Jean-Luc président ! Jean-Luc président ! »)

Ah, ne commencez pas ces mauvaises manières, on ne crie pas mon nom ! On crie : Résistance ! On crie : Insoumis ! (Résistance !, Résistance, Résistance, Résistance…)

Formidable ! Il aura suffi, une fois encore, que soit allumé le fanal du combat, pour qu’aussitôt vous y répondiez, venus de toute la France, de toutes les professions, de tous les engagements syndicaux et politiques. Il suffit d’avoir du courage pour qu’il devienne contagieux. Il suffit de vouloir convaincre, pour convaincre. (applaudissements)

Salut à ceux qui ont défilé, à ceux qui sont venus de loin, à ceux qui n’ont pu venir, à ceux qui ont pu venir cette fois-ci, parce qu’ils n’étaient pas assignés à résidence, qu’ils n’avaient pas reçu leur habituelle lettre de cachet : Hugo Poitevin, Hugo Melchior, pour une fois libres de pouvoir affirmer leurs opinions et de les défendre.

Salut, les dé-chemiseurs, salut les tee-shirts sans costar, salut les sans-Rolex, les étourdis à la grenade, les nassés, les encerclés, les larmoyants au lacrymo, les têtes dures bien matraquées, les flash ballés, les condamnés à la prison ferme, les assignés à résidence, les lanceurs d’alerte, les résistants aux grands travaux inutiles, les salariés qui défendent leur pain.

Salut à la France des outre-mer et à celle de l’étranger qui, à cette heure, s’unit à nous de cœur et d’esprit. (applaudissements)

De nos refus, vient sur nos lèvres le goût d’un monde neuf. Et maintenant, de nouveau, nous sommes en chemin. Et c’est en cheminant que s’ouvre le chemin, selon le mot du poète Machado. Notre rassemblement veut porter bien des messages, que je sois à cette heure davantage que jamais, d’abord et surtout, votre porte-parole. (applaudissements)

Le 1er des messages que nous avons à adresser aux puissants et aux importants, c’est que nous sommes à cet instant un bataillon à l’intérieur de cette grande mobilisation contre la loi El Khomri. (applaudissements / ouh!)

Salut aux syndicalistes insultés par les médiacrates. Salut aux insoumis, aux grévistes qui perdent leur salaire et se dévouent pour le bien public (Applaudissements). Le salut du cœur à cet homme dans le coma à l’hôpital, à celui des nôtres sauvagement piétiné par un automobiliste qui l’a plongé dans le coma à Fos sur mer. (ouh!)

Quoiqu’on en dise, et quoique vous en pensiez, je veux redire ici que notre parti pris permanent est celui de la non-violence. Le refus de transformer notre puissante mobilisation (applaudissements) en fournissant les prétextes à ceux qui en ont besoin pour nous décrier.

Et je dis, je dis à ceux qui ont l’honneur de porter l’uniforme et nos couleurs : on se déshonore en faisant un tir-tendu, on se déshonore en frappant à terre (applaudissements).

Et, à vous autres, à vous autres tous, je dis que nous sommes les non-violents, on se déshonore en cherchant à blesser, ou à tuer, parce qu’on veut mettre le feu à quelqu’un qui porte l’uniforme, et qui obéit. C’est à ceux qui donnent les ordres qu’il faut demander des comptes ! (applaudissements) C’est à Cazeneuve, c’est à Valls. (ouh!)

Il est temps que ceux-là desserrent la main qu’ils tiennent sur nos gorges. Il est temps qu’ils cessent de s’obstiner et de vouloir caporaliser tout ce pays. Il est temps qu’ils retirent cette loi, qui ne sert, au bout du compte, que quelques intérêts privés. Je dis bien : quelques intérêts privés, ceux de la petite secte, non représentative, du Medef, car il n’est qu’une petite partie du patronat qui réclame cette loi indigne.

Il faut retirer cette loi. Il est temps de renvoyer Cazeneuve se calmer chez lui. (applaudissements)

Il est temps de permettre au pays, aux inondés, et à ceux qui sont en lutte, de pouvoir se préoccuper totalement de la solidarité. Pour cela, il faut faire cesser que les 40 obstinés du gouvernement nous prennent tous à la gorge et veuillent nous imposer de force une loi dont personne ne veut. Ni le peuple, ni les parlementaires. (applaudissements)

Il faut que la motion de censure soit votée. Non parce que nous l’aurions voulu, mais parce qu’ils ont décidé que c’était : ou bien la motion de censure, ou bien la loi El Khomri. Alors, comme nous ne voulons pas de la loi El Khomri, assez de postures parlementaires, votez la loi de censure ! (applaudissements)

Vous autres, entendez les appels que nous lancent ceux qui organisent notre combat. Mettez votre point d’honneur, le 14 juin, à répondre à l’appel des centrales syndicales du front du refus : la CGT, Force Ouvrière, Sud, les organisations étudiantes. (applaudissements)

Vous connaissez tous les raisons qui nous opposent à cette loi. Qui, pour finir, n’a d’autre conséquence que de pourrir davantage la vie du commun, qui tâche de vivre dignement de son travail. Mais ce n’est pas que la loi que nous rejetons. C’est le monde qui va avec cette loi. (applaudissements).

Ce monde, ce sont les faces de pierre anonymes de la Commission européenne qui a demandé, en 2014, et réitéré sa demande en 2015, que cette loi soit votée en France, qui l’a demandée en Belgique, qui l’a demandée en Italie, qui l’a demandée en Espagne. Il n’y a pas de loi Travail, il n’y a pas de loi El Khomri, il y a la loi de la Commission européenne. (applaudissements)

Et voilà pourquoi vous ne ferez rien de bon si vous ne m’entendez. On ne peut rien faire de bon et de juste pour le monde du travail, sans commencer d’abord par sortir des traités européens (applaudissements), ceux qu’ont négocié Sarkozy, et signé Hollande.

Le monde de la loi El Khomri, c’est le monde du 49.3. Exemple unique au monde où une loi est réputée adoptée du moment qu’il n’y a eu, pas de discussion sur les amendements, aucun débat parlementaire, ni aucun vote. Bref, elle est adoptée si l’on n’a pas renversé le gouvernement. Le 49.3, c’est la quintessence de la monarchie présidentielle, au service du capitalisme absolu. (applaudissements)

C’est pourquoi vous ne ferez rien de bon si vous ne sortez pas de la Constitution de la 5e République, modifiée 22 fois, dont 20 sans l’avis du peuple souverain. Vous ne ferez rien de bon si vous n’instaurez pas le référendum révocatoire qui vous permet de contrôler vos élus, tout au long du mandat, et de les renvoyer à la maison quand ils vous trompent. (applaudissements)

Ah, le monde de la loi El Khomri, c’est le monde sans règle. Et c’est ce monde sans règle qu’ils appellent la liberté. Mais, « Entre le faible et le fort, entre le patron et l’ouvrier, c’est la liberté qui opprime, et c’est la loi qui protège ». (Lacordaire)

Mes amis, ce monde sans norme est un monde où les plus forts dominent. Ce monde sans norme où chacun fait sa petite popote, paraît-il, selon son goût. C’est en toute chose qu’ils veulent l’introduire, depuis la réforme du collège qui fait que nulle part en France, nos enfants n’auraient la même éducation, alors qu’ils aspirent au même bonheur. Jusqu’à l’hôpital où l’on va compter ce qu’il est possible de faire d’après les actes médicaux que l’on peut poser

Regardez ce monde. Ce monde, c’est le monde de la souffrance au travail. Ce monde, c’est celui où l’on passe son temps à opposer l’un à l’autre, dans tous les gestes du travail, à évaluer sans cesse, à contrôler, sans que personne ne fasse jamais ce constat que ceux qui sont partisans du moins d’Etat ont créé partout plus de bureaucratie, plus de paperasse, plus de contrôle. Et personne ne contrôle, ni n’évalue, le temps perdu à ces méthodes qui font que le travail, qui bien sûr a toujours été une peine, est aussi une œuvre, et le résultat d’un groupe humain qui doit d’abord se connaître entre lui-même pour être au maximum de ses possibilités. La coopération, et pas la compétition. La confiance, et pas la méfiance. (applaudissements)

Alors, oui, vous ne ferez rien de bon si vous ne libérez le travail dans l’entreprise des contraintes dans la bureaucratie, de l’exigence permanente des financiers qui veulent que vous crachiez des résultats à 2 chiffres pour les taux de profit. Là où il suffirait de faire son travail bien, c’est à dire au rythme auquel la nature et la coopération entre les êtres humains appellent l’œuvre. (applaudissements)

Ils vous parlent d’emploi, et jamais du travail, sinon comme une servitude. Et quand ils vous parlent du travail, ils ne vous parlent jamais des métiers. Et vous avez des macronades qui sont alors possibles, qui s’imaginent que n’importe qui peut être coiffeur, que n’importe qui pourrait être boulanger, n’importe qui pourrait être taxi, n’importe qui pourrait être enseignant. Non ! Ce sont des métiers. Et c’est la personne qui en est dépositaire, dans ses divers aspects, elle l’intègre dans sa chair, son sang, son esprit, ses mains, sa pensée. (applaudissements)

Encore ne vous ai-je parlé que de la souffrance au travail. Mais il y a celle que l’on voudrait honteuse et cachée, celle du chômage. Combien de fois faudra-t-il encore supporter qu’on vienne montrer du doigt tous ces gens qui ne demandent qu’à bien faire et à se rendre utiles. Qui sont riches de tant de qualification, d’amour et de dévouement pour les autres. Combien de temps va-t-il supporter qu’on les montre du doigt, qu’on les espionne, qu’on les surveille, qu’on les appelle au téléphone, qu’on les contrôle par internet, même quand ils n’ont pas les moyens de se payer l’abonnement (applaudissements).

Combien de fois va-t-il falloir répéter que 50% des chômeurs ne sont pas indemnisés ? Combien de temps va-t-il falloir répéter qu’il y a 8 millions de travailleurs pauvres ? Combien de temps va-t-il falloir répéter qu’il y a 30 000 enfants qui n’ont pas un toit sur leur tête ? Comment allons-nous faire entendre la clameur du monde du travail, de ceux qui veulent faire, et qui disent qu’il y a une discussion à avoir, non pas sur la meilleure manière d’essorer le tout-venant, mais sur les conditions qui font que 565 personnes chaque année meurent au travail, un millier au total si l’on ajoute ceux qui meurent SUR leur poste de travail, avec ceux qui meurent des maladies professionnelles. Voilà la discussion qu’il faut avoir sur le travail, comment peut-on en faire plutôt un lieu d’épanouissement et de bonheur, plutôt qu’un lieu de souffrance, et de peur. (applaudissements)

Que de cette place, notre appel aille au plus loin, dans chaque maison et dans chaque esprit. Ecoutez, les gens, si vous reproduisez Plouf et Chocolat, qui gouvernent ce pays (rires), jamais ils ne s’arrêteront sur cette pente. Mais si vous ramenez le loup dans la bergerie de nouveau, vous aurez droit à 300 000 emplois publics de moins, c’est à dire moins d’Etat, la dislocation aggravée de la France, les soins en moins, les enseignants en moins, le savoir en moins. Vous aurez encore plusieurs milliards offerts au Medef.

Voilà ce que vous réserve le bon monsieur Juppé (ouh !), ou bien celui qui est là et qui attend son heure, dont vous devez vous rappeler qu’il est de loin le plus dangereux parce qu’il est le plus déterminé, monsieur Sarkozy dont vous avez déjà eu le hors d’oeuvre (ouh !). Ceux-là ont prévu 100 milliards de coupes dans les services publics, là où nous, nous prévoyons de mettre 100 milliards, pour relancer l’action et l’activité (applaudissements).

Ils ont prévu la fin des 35 heures, à travailler 39 heures sans augmentation de salaire. Ils ont prévu la fin du CDI. Ils ont prévu la dégressivité des allocations chômage. Ils ont prévu le travail forcé pour les bénéficiaires. Et encore, si ça ne suffisait pas, une fois que vous aurez été bien pressés, voici le champion du monde de la glande lacrymale, M. Pierre Gattaz (rires) qui vient vous dire qu’au-delà de toute loi, il vous appelle à faire preuve de bénévolat dans l’entreprise ! Pauvre diable, comptes-y !

Et pourtant, quand nous voyons cet énorme gâchis, je suis sûr que, comme moi, vous vous dites : Mais puisqu’il y a besoin de moins de travail pour produire davantage de biens, n’est-il pas temps de réorganiser de fond en comble la civilisation humaine ? (applaudissements)

Et voici ce que j’ai à vous dire, de plus important que tout : au-delà du moment que nous vivons, il y a tant à faire ! Il y a tant à faire parce qu’il faut tout changer. Il faut tout changer, parce que nous sommes d’abord et avant tout, quelque aient été nos votes, quelque soient nos appartenances politiques, nous sommes des êtres humains. Et l’humanité s’est mise elle-même en danger sous les coups du capitalisme et du productivisme (applaudissements)

Aujourd’hui, je veux dire qu’à notre façon, à nous autres, les têtes dures, le monde du travail, nous célébrons la journée de l’environnement, car le 5 juin est la journée de l’environnement. (applaudissements)

A cette heure, défient des lanceurs d’alerte et les militants de l’anti-nucléaire, contre les sites d’enfouissement des déchets. Je leur adresse votre salut depuis cette place (applaudissements). Oui, il faut sortir du nucléaire. Non pour jeter la pierre à ceux qui croyaient bien faire, ni pour culpabiliser ceux qui sont au travail aujourd’hui. Il le faut, parce que nous savons que c’est dangereux. Et nous savons que quand le danger se concrétise, alors il est extrême, quand bien même ne se serait-il rien passé auparavant. C’est dangereux parce que le changement climatique nous met en danger lorsque l’on voit, vous le savez, un tsunami passer, ce n’est plus sur des cabanes de pêcheurs, mais sur des centrales nucléaires.

Quand le niveau de la mer monte, et que le vent souffle plus fort, qu’il y a des creux de 7 mètres, et un vent de 140 km/h, alors la Centrale de Blaye, à 50 km de Bordeaux, est en danger. Hommage à l’ingénieur électro-nucléaire qui a su arrêter la machine en 1999, hommage aux bons travailleurs du service public qui ont su nous tirer tous d’affaire ce jour-là (applaudissements).

Mais c’est fini, il ne faut plus prendre ces risques. La COP 21 nous a tous mis en alerte. Ecoutez-moi, où que vous soyez, nous sommes heureux qu’il y ait eu un texte signé ce jour-là. Mais ne vous y trompez pas. Il fallait 1 ½ degré de plus pour que la situation soit tenable. Il s’en est conclu 2 degrés de plus, et dans les engagements de chaque Etat, ils ont prévu 3 degrés ½ de plus ! Ce qui signifie que la catastrophe est assurée, et que dès maintenant, nous devons prendre nos dispositions pour changer la civilisation humaine (applaudissements)

Nous devons, et nous pouvons passer aux 100 % d’énergies renouvelables. Nous avons les ingénieurs, les techniciens, et peut-être bien d’abord ceux d’EDF pour commencer. Mais combien d’autres qui sont prêts à se mettre au travail et organiser cette relève. Non pas en 10 ans ou en 20 ans, mais en très peu de temps. Nous devons ouvrir les parcs de machines dans la mer, et sur la mer, qui nous permet de remplacer celles qui sont à terre, et les centrales nucléaires (applaudissements). Nous sommes capables de le faire. Ce pays contient la richesse intellectuelle qui permet de le faire.

Il faut en finir avec ce modèle. Il faut adopter en France, avant toute autre nation, la règle verte, que nous introduirons dans la Constitution, et qui dit : Dorénavant, nous ne prendrons pas plus à la terre que ce qu’elle est capable de reproduire. (applaudissements)

Mes amis, la dette publique, la dette privée, ce n’est rien, rien du tout, un jeu d’écriture. Mais la dette écologique est irréversible. Il ne suffit pas d’arrêter de dégrader, il va falloir réparer. Et il va falloir être sobre, et changer toutes nos manières de faire. Non seulement la manière de produire, non seulement la manière d’échanger, mais aussi la manière de consommer, et de cesser de confondre la consommation et le paraître, le paraître et l’être. (applaudissements)

Regardez ces inondations dont on vous parle. N’est-il pas temps de mettre un terme à l’extension sans fin de l’urbanisation qui imperméabilise les sols ? N’est-il pas temps de pratiquer une autre agriculture que celle qui transforme la terre en une toile cirée ? (applaudissements)

Il faut en finir avec l’agriculture productiviste, et les petits perroquets qu’on nous amène à la télévision, pour débiter leurs imbécillités ! Nous n’avons que faire des gros agrariens et de leurs petits griots qui font comme s’ils n’étaient pas en train d’empoisonner la terre, l’eau, l’air, et se tuer leur propre santé les premiers.

Il faut tourner cette page. Il faut changer la matrice productive de la patrie des Français. Il faut la changer par la méthode de la planification écologique, c’est à dire combiner la formation des personnels, le changement des machines, les modes de consommation, tout en même temps.

Voilà en quoi consiste la 1ère tâche de la Révolution citoyenne. Elle consiste à reprendre le contrôle sur notre destin d’être humain. Cela consiste à porter pour drapeau et mot d’ordre commun : L’INTÉRET GÉNÉRAL HUMAIN (applaudissements).

Il faut, pour chaque pays, il faut un programme, qui soit un programme pour la planète. Tout le reste n’est que bavardage et perte de temps.
Nous avons perdu un quinquennat concernant le nucléaire, nous avons perdu un quinquennat concernant les pesticides, nous avons perdu un quinquennat concernant le changement des méthodes de l’agriculture. Et combien d’autres choses ! Il faudra mettre les bouchées doubles, car il faudra faire en 5 ans ce qu’il aurait été souhaitable de faire en 10.

Et bien, alors, vous m’avez entendu. Vous avez compris le niveau d’exigence. C’est pourquoi 2017 doit être vécu par vous. Qui, comme moi, croyez que la démocratie est le commencement et la fin de toutes choses. Vous, qui pensez comme moi, que les bulletins de vote sont les balles de nos fusils. Vous, qui pensez comme moi, que c’est ce grand changement qu’il faut faire, et qu’on ne peut l’obtenir sans convaincre le très grand nombre. Vous avez compris le niveau d’exigence de cette campagne. Et vous comprenez pourquoi il faut partir de loin, pour convaincre tête par tête, cœur par cœur.

Ecoutez-moi. Ce n’est pas le temps des programmes minimum, des plateformes convenues entre des états major qui se lâchent les uns une ligne, en échange d’une virgule pour l’autre (applaudissements). Ce n’est pas le temps des candidats-champignons, qui surgissent après la rosée médiatique, ni des candidats passe-muraille qui gênent le moins tout le monde, et dont on se dit qu’à la bonne tête et au fin timbre de sa voix, on devine qu’il n’encombrera personne (rires).

Il faut du caractère, de la volonté, pour défier ces lobbies immenses qui sont dores et déjà mobilisés contre nous, qui ne s’arrêtent devant aucune méthode de combat, la diffamation, l’insulte, la raillerie, l’acide qui passe toujours sous l’armure, femmes et hommes, quand vous êtes montrés du doigt, comme syndicaliste, comme associatif, comme exagéré, comme énervé. Et nous sommes tout ça à la fois, et nous sommes fiers de l’être. (applaudissements)

Je vous appelle à une campagne qui n’est pas seulement faite pour témoigner.

Je vous appelle à une campagne pour conquérir le pouvoir (applaudissements).

Je vous appelle à une campagne victorieuse. Et pour qu’elle soit victorieuse, il faut qu’on s’y implique tous. Il n’est pas possible de changer depuis le sommet, par un homme ou par une femme, une situation comme celle que nous avons à changer.

Il faut que chacun d’entre vous, chacune d’entre vous, à son poste de travail, dans son rôle de la société, vous soyez les révolutionnaires qui vont transformer la vie, et changer la société, de fond en comble. (applaudissements)

Alors, chacun pensera comme il le veut. Mais quand vient une élection, et qu’en plus c’est une élection présidentielle, c’est comme quand commence un match de foot, c’est pas le moment d’aller jouer au volley ! (rires). Et bien, si c’est une élection présidentielle, il fallait commencer par régler le problème le plus simple : trouver un candidat. ME VOICI ! (applaudissements)

Pour pouvoir commencer le travail (Résistance, résistance, résistance…).

Pour pouvoir commencer le travail, ce travail est un travail de conviction. Nous croyons à la démocratie, nous croyons qu’il nous faut non pas une armée de supporters ou de groupies, ou de soldats de plomb ou de je ne sais quelle improbable organisation partidaire. Nous avons besoin de millions d’hommes et de femmes, conscients, éduqués, qui savent où nous allons, et quelle est l’ampleur de la tâche à accomplir (applaudissements). C’est cela que vous allez faire.

Mes amis, avec toute votre force d’enthousiasme, je ne vous demande pas de m’épouser, ni de supporter mon caractère, qui n’est pas si terrible qu’on veut bien le dire (rires), mais je vous appelle à devenir celles et ceux qui vont faire bouger les lignes autour d’eux. Nous n’avons aucun autre moyen que nous-mêmes. Mais c’est le moyen le plus puissant, parce que nous sommes les plus nombreux, du moment que la rébellion rentre dans les têtes et dans les cœurs (applaudissements).

C’est pourquoi nous avons créé la France insoumise. Elle n’appartient à personne. Et je demanderai, qui que ce soit qui la rallie ensuite, ou qui vienne ajouter ses forces à celle qui s’y trouve déjà, de respecter scrupuleusement l’autonomie et l’indépendance de ceux qui ont décidé de participer à la France insoumise (applaudissements).

A partir de quoi, cette force nouvelle, l’année 2017 va être une année, à mains égards, tout à fait décisive. Il est heureux que l’élection tombe cette année-là. Oui, il est heureux qu’elle tombe là, car c’est une chance de pouvoir régler par la démocratie et les bulletins de vote ce qui, sinon, finira par se régler d’autres façons, dont nous ne voulons pas.

Ecoutez-moi. En 2017, se conclura TAFTA (ouh !), le traité du Grand Marché Transatlantique. Auparavant, sera conclu CETA, le traité entre le Canada et l’Europe. Et le petit monsieur qui vous préside et vous a déjà tant menti, a déjà dit aux Canadiens qu’il était d’accord pour que l’on signe aussitôt qu’on le pourrait, le traité avec le Canada. (ouh !)

Dans ce traité, le capital décide qu’il ne répond plus à aucune autre loi qu’à celle des tribunaux d’exception dans lesquels se feraient les arbitrages. C’est à dire que c’est la fin de la démocratie. Ca ne sert à rien de voter des lois comme ils sont en train de le faire, à court terme, à court terme.

Il faut que nous regagnions le temps long, celui de la décision où l’on prend son temps, où l’on s’assure de ce qui est bon. Il faut reconquérir le temps long (applaudissements) qui ne connaît pas l’investissement du capital qui veut récupérer immédiatement ses mises. Le temps long, mes amis, le temps long de la sonde Rosetta , qui fait 600 000 kms dans l’espace infini, avant de faire le tour d’une patate gelée, et posé dessus une petite goutte qui va examiner ce qui se passe sur la glace de cette patate.

L’esprit humain, les cycles de l’invention, les cycles de l’expansion humaine, ceux de la nature, sont ceux du temps long. Le temps long est la propriété collective des générations, et nous en sommes dépositaires. A bas le temps court du capital, vive le temps long de la démocratie (applaudissements). Le temps long de l’écologie, le temps long de la réversibilité des décisions.

Je sais qu’il y a dans cette foule des esprits amis qui nous regardent. Ah, quel bonheur c’est pour moi ! Et pour nous tous, ici, mais pour vous aussi, chacun, j’en suis sûr, qui avez fait l’effort de vouloir venir, quand bien même on vous avait annoncé qu’il pleuvrait à verse, ce qui ne se produira pas.

Vous avez voulu être là, et du seul fait de notre force et de notre rassemblement, nous sommes déjà en train de convaincre. Car la force va à la force. Et ceux qui se sentaient démunis, ou seulement engagés dans un combat, savent qu’il existe un un drapeau autour duquel se grouper, une finalité pour transformer toute cette énergie en un programme politique qui porte la France dans son rôle et son destin.

Sa responsabilité devant l’humanité universelle, non pas parce que nous serions des chauvins, ou des nationalistes exaltés, mais parce que nous sommes un pays développé, éduqué, où nous disposons de la ressource humaine et technique qui nous permet, non seulement de développer d’autres procédés de production, mais de les mettre à disposition de toute l’humanité, de ceux qui n’ont pas les masses éduquées dont nous disposons, ceux à qui nous avons pris les matières premières, et à qui des fois nous volons la matière grise (applaudissements).

La France splendide, la France des rébellions et des révolutions, la France du savoir, de la science, des arts, de la culture, qui nous rend chacun meilleur. Parce que toutes ces choses que je viens de nommer sont les seules richesses qui, plus on les partage, plus elles se développent (applaudissements).

Notre campagne, qui commence, là, déjà, aura convaincu celle-ci, celui-ci, qui est venu pour voir quels étaient nos visages, et ils ont vu ce défilé des insoumis. Ils ont vu ces camarades, ils m’entendent parler. Et ils ont bien compris que c’est calomnie de croire, qu’un seul ait pensé qu’à lui seul, il ferait quoi que ce soit, sans cette multitude organisée (applaudissements).

Je m’honore d’être accepté par vous, comme votre porte-parole. Il n’y a pas de plus grand honneur, de plus grand bonheur, de plus grand accomplissement, pour un militant, un intellectuel, et un élu.

Oui, la marche est haute. La marche est haute.

Je sais que tu es là, Marie-George Buffet, je sais que tu es là, Clémentine Autain (applaudissements), tu es là, Christian Audouin, tu es là, Liêm Hoang Ngoc. Vous êtes là, mes camarades de mon cher Parti de gauche, qui portez sur vos épaules, souvent tout seuls, toute la charge du poids du travail à accomplir.

Je sais, toi Marie-George, toi Clémentine, que vous réfléchissez, que vous vous interrogez. J’admets, je reconnais, je respecte votre réflexion. Et je vais dire, au-delà, je respecte ceux qui croient qu’il existerait je ne sais quelle martingale, que l’on trouverait dans les obscurs conciliabules de je ne sais quelle primaire d’amnistie générale.

La sortie, écoutez-moi, il n’y a pas d’autre issue que de convaincre. A ceux qui vous disent que c’est par un arrangement, et par surprise, en se groupant comme un troupeau affolé, derrière les moins-disant, les plus usés, les derniers arrivés, que nous trouverions notre chemin.

NON, c’est en portant nos idées, et en convaincant un par un, une par une, que nous allons avancer, et pour finir, gagner. (applaudissements)

Et tout le monde est bienvenu dans cette bataille. Et je me porte le garant que ce rassemblement peut s’opérer. Je le nomme Fédération, car il faut fédérer le peuple d’abord, sans arrangement ni compromis sur son dos. Fédérer le peuple, les énergies, les volontés. Vous êtes tous bienvenus.
Je ne me soucie pas, ni aucun d’entre nous à cette tribune, de votre carte de parti, ni même de ce que vous avez voté jusqu’à présent. Car il faudra bien qu’il y en ait qui changent d’avis, pour qu’on arrive à gagner ! (applaudissements)

La marche est haute. Si j’ai eu l’audace de m’avancer, comme d’autres le font dans leur lutte syndicale, ou associative, ou sur le terrain, de l’immense courage des lanceurs d’alerte, si j’ai eu cette audace, je l’ai trouvée dans les 4 millions de voix qu’il a été possible de fédérer une 1ère fois il y a 5 ans. (applaudissements)

Je présente devant vous le poids de l’expérience. Oui, de l’expérience. Mieux vaut pour vous avoir des porte-paroles un peu rusés et malins, plutôt que des poulets de l’année (rires).

Je dis à la jeune génération que l’utopie que nous lui proposons, ce monde neuf que nous l’appelons à construire, il tirera tout de l’invention dont elle fera preuve le moment venu, quand nous allons l’appeler à tout changer. Et qu’elle aura, par son travail à l’école, ses diplômes, ou son savoir-faire, toute son énergie projetée dans la transformation du monde. Mais nous amènerons le meilleur du monde dont nous venons.

Ecoutez-moi, jeunes gens. Je viens d’un monde où respirer ne rendait pas malade, où le printemps n’était pas synonyme d’allergies mais parlait d’amour. Je viens d’un monde où l’air n’était pas un poison asphyxiant, où l’eau n’était pas celle d’un cloaque, où l’on pouvait nager sans commencer par se vacciner, où l’on allait à la plage parce qu’il y en avait et qu’il n’y en aura bientôt plus, sans passer par un tapis d’algues vertes, et sans nager au milieu des sacs plastique (applaudissements).

Ce monde beau, ce monde de lumière, nous le ferons naître de nos mains, non pas pour les 2 milliards que nous étions lorsque je suis né, mais pour les 7 milliards que nous sommes bientôt, bientôt 10, bientôt 11. Un monde humain, un monde doux, un monde de tendresse aussi.

Comment se fait-il qu’alors que nous sommes si éduqués sur la planète entière ? Comment se fait-il qu’après tant de gens passés à l’école ? Comment se fait-il que la mer soit devenue un cloaque ? Comment se fait-il que vous ayez tout dégradé, comme vous l’avez fait ? Comment se fait-il que même dans le silence de la nuit, il résonne de la clameur immense de la souffrance des animaux que vous avez transformé en choses ? (applaudissements)

Nous avons été 4 millions. Nous devons être 8 ! Un pour un. Chacune d’entre vous, chacun d’entre vous a pour tâche d’en convaincre un ou une qui n’avait pas été voter, ou qui a voté croyant bien faire, et qu’il est possible de convaincre de mieux faire (applaudissements). Un pour un.

Ne doutez pas de vous. Vous êtes le nombre. Vous êtes la force. Vous êtes irrépressible, quand bien même vous fait-on subir ce qu’on vous fait subir en ce moment. Et qui ne vous a pas arrêté. Ni moi non plus, d’ailleurs. Rien ne nous fera jamais céder.

Et ceci pour une raison, qu’ils n’ont toujours pas compris : c’est que la lutte est notre dignité (applaudissements). Et que nous sommes pleinement accompli en tant qu’être humain, quand nous pensons notre futur.

Le cœur de cette campagne, ce sera son programme. C’est pourquoi il faut tant de temps. C’est pourquoi, vous-mêmes, vous devrez vous pencher sur ce programme, faire des propositions. Ici, il y a Jacques Généreux, et Charlotte Girard, qui sont les 2 maitres d’œuvre, avec 14 autres camarades de cette préparation. Nous partons de l’Humain d’abord, et nous l’enrichissons des expériences, des choses apprises, des choses peaufinées.

Ah, je nous vois. Je nous vois, changeant tout. Je sais que nous pouvons le faire. Je nous vois, portant notre patrie aux avant-postes de l’humanité. Nous, entrant en mer. Nous, assumant notre destin de 2e pays du monde pour la contribution individuelle à la conquête de l’espace. Je sais que vous le savez même pas. C’est moi qui vous le dis (rires).

Nous allons être bientôt les plus nombreux en Europe. Notre peuple est éduqué comme il ne l’a jamais été de toute son histoire. Un capital immense s’est accumulé. Ne vous souciez pas de l’argent, je m’en débrouille (rires).

Rêvez ! Rêvez fort ! Pensez fort ! Imaginez fort ! Désirez fort ! Et cela suffira. (applaudissements).

Je vais faire comme à l’accoutumée. Et je vais vous lire des vers, avant que nous nous séparions. Ce sont les vers d’une poétesse brésilienne. Je dis le Brésil, parce qu’en ce moment, il s’y pratique un infâme coup d’état (ouh !), et comme dans toute l’Amérique latine, où bien sûr nous avons commis des erreurs, on sait bien que les autres n’en commettent jamais. Nous savons bien que nos régimes sont toujours détestables, comparés à ceux que adorent celui du Qatar, de l’Arabie Saoudite, et des autres modèles de civilisation qui nous sont proposés…

A cette Amérique latine sœur, à ces peuples du Maghreb, avec qui nous avons tant de parentèle en commun, à ces Français des 5 continents, à la patrie non occidentale, mais universaliste des Français, du peuple en France (applaudissements). A notre plus longue frontière avec le Brésil, voici des vers d’espérance. Et qui vous montre ce qu’il ne faut pas faire, en même temps que ce qu’il faut faire :

« Il meurt lentement, celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas, celui qui n’écoute pas de musique, celui qui ne sait pas trouver grâce à ses yeux, (celui qui rêve d’être milliardaire, ce qui est obscène). Il meurt lentement, celui qui détruit son amour-propre, celui qui ne se laisse jamais aider, il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude, refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repaire, ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements, ou qui ne parle jamais à un inconnu. Il meurt lentement, celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions, celle qui redonne la lumière dans les yeux et répare les cœurs blessés. Vis maintenant. Risque toi aujourd’hui. Agis tout de suite. Ne te laisse pas mourir lentement. Ne te prive pas d’être heureux »

Voilà, vous tous, ce que nous allons remmener dans notre cœur. Ne doutez pas de vous. Ne doutez pas de votre pays. Et, pour le célébrer, chantons ensemble l’hymne des premiers insoumis, ceux qui ont conquis notre liberté, la Marseillaise. Et puis, ce sera le chant du monde du travail, l’Internationale. (applaudissements)

Résistance, résistance, résistance…..

Ca coûte, hein, de se séparer, hein ?
Hein, ça coûte, hein ?
Allez, courage, au boulot !
Bon retour à tous !

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