Petite leçon zen à l’usage des Échos - #JLMDesintox

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Tout à leur volonté de « prouver » une « panique » sur les marchés, Les Echos tentent d’emmêler l’esprit des lecteurs, et de décrédibiliser Jean-Luc Mélenchon. Dans la presse économique libérale et patronale, on crie « haro sur le baudet » ! Mais en réalité, c’est « zéro sur la qualité » du raisonnement.

Il est reproché à Jean-Luc Mélenchon d’avoir parlé des taux d’intérêt sur la dette (le prix auquel sont vendus les bons du trésor, c’est-à-dire les titres de dette), et non pas le spread, c’est-à-dire l’écart entre les taux français et allemand. Mais un peu de sérieux : bien sûr qu’il faut regarder le taux de la dette française pour savoir quel est l’avis des investisseurs sur la dette française ! Si la dette allemande se mettait à inquiéter les marchés, avec des taux qui augmentent, dirait-on que la dette française « rassure », au prétexte que l’écart entre les deux se resserrait ? Bien sûr que non. Certes, certains spéculateurs regardent toutes les informations dont ils disposent parmi toutes les données. Mais l’aveuglement algorithmique n’a jamais fait un raisonnement rigoureux. 

Ainsi, observons les expériences actuelles. Au Portugal, les forces anti-austérité au pouvoir affichent désormais le déficit public le plus bas depuis 1974. Et ce, grâce à une politique de relance sous la forme d’une hausse du salaire minimum et des prestations sociales. Ces politiques même que la rédaction des Échos attaquent à grands cris d’effroi.

Et si nous regardons le taux des OAT (obligations assimilables du trésor, la forme que prennent les bons du trésor en France), nous voyons qu’ils restent stables depuis des semaines : 1% le mardi 11 avril, 0.94% le vendredi 7 avril, 1.01% le lundi 3 avril… Il était monté à 1.2% en février et mars auparavant, sans lien non plus avec Jean-Luc Mélenchon. Les derniers à avoir inquiété les investisseurs étaient François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui ont conduit à un taux de 3% le 22 avril 2012, jour du premier tour des élections présidentielles.

Généralement, lorsque les amis de François Fillon sont au pouvoir, le taux d’intérêt sur la dette française atteint des sommets. S’agit-il d’investisseurs inquiets, ou d’investisseurs qui savent que les Républicains ont toujours multiplié la dette (en s’endettant pour payer des dettes passées…) afin de gaver les marchés financiers ? Nous penchons pour la seconde solution. En effet, le taux était deux fois plus élevé (2.5% en moyenne) sous le gouvernement Fillon entre 2007 et 2012.

Alors, pourquoi regarder d’ailleurs un spread avec l’Allemagne ? Le spread désigne l’écart entre les taux d’intérêt de la dette nationale, et les taux d’intérêt de la dette allemande. Il s’agit d’un chiffre arbitraire parmi d’autres, mobilisé ici afin d’attaquer Jean-Luc Mélenchon quelques jours avant l’élection, en mobilisant le soit disant effrayant écart de « 70 points de base ». Mais derrière un « point de base » se cache en réalité une centaine de pourcentage (0.01%) ! L’écart de « 70 points de base », désigne donc un écart de 0.7%. Pas de quoi s’affoler !

D’autant plus que derrière la France, de nombreux pays ont un écart bien plus important que 70 points de base vis-à-vis de l’Allemagne – et Jean-Luc Mélenchon n’y est pas candidat ! C’est le cas de la République tchèque (83), de Taïwan (84), du Royaume-Uni (86), du Canada (130), de la Norvège (140), d’Israël (192), de la Corée du Sud (200), des Etats-Unis (204), de l’Australie (234), du Qatar (305), de la Chine (317) ou de l’Islande (471). Finalement, au niveau international, malgré des frémissements de quelques décimales, la France demeure extrêmement proche du référentiel allemand. Il s’agit d’un jeu de miroir pour influencer les électeurs, et les convaincre de se prononcer sur des broutilles au lieu de consulter tranquillement les programmes et faire leur choix.

Plus généralement, les élections inquiètent souvent les créanciers et la finance. C’est leur manière d’essayer d’écraser la démocratie. Les mêmes élections au Portugal ont mobilisé quelques jours les marchés (+0,5), avant qu’ils ne reviennent à leur niveau de départ lorsque le gouvernement a été constitué en 27 novembre 2015 ! En Espagne, l’élection de Rajoy a été saluée par une baisse du spread (-0,4), alors que les marchés craignaient un gouvernement Podemos-PSOE. À chaque fois que des gouvernements alternatifs résolus à mettre fin à l’austérité se sont approchés du pouvoir, les marchés financiers ont tenté de les empêcher en pariant contre la dette nationale. Puis, tout s’est toujours calmé. N’oublions pas que les créanciers sont des êtres humains, ont des convictions politiques, et qu’un grand nombre ne votent pas pour Jean-Luc Mélenchon. Ils tentent donc d’effrayer avec leur portefeuille.

Par ailleurs, un écart plus important qu’aujourd’hui avait été atteint en février 2017 (80 points à l’époque), sans aucun lien avec Jean-Luc Mélenchon. Et le 10 avril 2012, il semble que c’était Nicolas Sarkozy et François Hollande qui « affolaient les marchés » lorsque le spread avait atteint 130 points. Enfin, son maximum historique, le triple d’aujourd’hui, a été atteint en novembre 2011 lorsque François Fillon exerçait le rôle de premier ministre. Comme quoi, l’austérité ne rassure pas forcément les marchés financiers.

Ah et au fait, Jean-Luc Mélenchon est maintenant à 20% dans les sondages et le spread a diminué ! De rien.

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